Il existe de nombreux livres, articles, souvent très savants qui expliquent ce qu’est une autobiographie. Mais essayons d’y voir plus clair, dans cette longue histoire, en peu de mots
L’autobiographie est un genre littéraire dont le nom vient du grec :
→ « auto » = moi
→ « bio » = la vie
→ « graphie » = l’écriture.
L’autobiographie est donc l’écriture de sa propre vie.
Cependant, il ne faut pas s’arrêter là, car un texte, pour être une véritable autobiographie, doit répondre à des règles assez strictes qui ont été édictées, dans les années 1970, par le critique et théoricien français Philippe Lejeune, dans un livre devenu célèbre : Le Pacte autobiographique (Seuil, 1975).
On peut en retenir les points suivants, considérés comme les plus importants.
Premièrement, une autobiographie est un récit « rétrospectif », c’est-à-dire qu’il s’écrit au passé, le plus souvent, quand le narrateur devenu âgé décide de revenir sur sa vie. Rédigé à la première personne, il respecte en général la chronologie (de la naissance au moment de l’écriture), même si le narrateur adulte peut intervenir et commenter certains éléments de sa vie passée.
Par ailleurs, l’histoire doit porter sur la « vie individuelle » de l’auteur et plus précisément « sur l’histoire de sa personnalité. » Comment et pourquoi suis-je devenu celui que je suis aujourd’hui ? C’est la question qui prélude à toute entreprise autobiographique.
Pour écrire une autobiographie nous dit Philippe Lejeune, il faut que l’auteur passe un pacte avec le lecteur et qu’il se focalise uniquement sur l’histoire de sa vie. Le pacte repose sur deux éléments. Tout d’abord, c’est celui du nom : l´auteur, le narrateur et le personnage sont une seule et même personne. Ils ont donc le même nom qui figure sur la couverture et dans le texte. Mais aussi, très important, à travers ce pacte l’auteur s’engage, en son nom, à ne dire rien que la vérité (toute la vérité, il le jure). Cependant, l’on sait que ce pacte n’empêche pas les omissions, volontaires ou involontaires. Personne ne peut tout dire, ou ne veut tout dire de sa vie… Pour le reste, tout n’est qu’histoire de style !
On considère que la première autobiographie française est Les Confessions (1782) de Jean-Jacques Rousseau. Pour le XXe siècle, on peut citer Les mots (1964) de Jean-Paul Sartre, ou encore Enfance (1983) de Nathalie Sarraute. Et puis peut-être, citera-t-on bientôt la vôtre. Qui sait ?
Note : les expressions entre guillemets sont extraites de Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975.
Arnaud Genon
Arnaud Genon a publié plusieurs articles et essais sur Hervé Guibert et l’autofiction. Il est l’auteur, aux éditions de la Rémanence, de Tu vivras toujours (2016), de Mes écrivains (2018) et de Vivre sans amis (2020). Il a publié, aux éditions de La Reine Blanche, Les indices de l’oubli (2019), une réflexion littéraire sur les photographies de famille. Ses livres Revue de pressse La séduction de l’autofiction, Propose Magazine, Jean-François Vernay, 31 mars 2019 De la littérature comme compagnonnage, Interview de Arnaud Genon par Jef Boden, Zone
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