Nous connaissions déjà un peu Nora, pour avoir lu son premier livre, Survaillante (Favre, 2018), alors qu’il n’était encore que sous forme manuscrite – hé oui le métier d’éditeur, même « petit », réserve encore quelques privilèges !
C’est tout naturellement, sur ce bon souvenir, que nous nous sommes penchés sur son premier roman. Mille yeux, un titre étrange… On pouvait se douter que ce roman nous parlerait de la jeunesse, mais nous ne pouvions imaginer comment !
J'assume avoir privilégié le portrait satirique
Nora Bussigny, nouvelle auteure des éditions de la Rémanence, qui êtes-vous ?
Je m’appelle Nora et je suis journaliste, professeur et autrice. Trois professions que j’essaie tant bien que mal de conjuguer dans un quotidien que je partage avec mon compagnon et mon chat entre Vincennes et la Bretagne !
Vous avez publié plusieurs articles et chroniques, ainsi que le récit de votre expérience d’assistante de vie scolaire, comment êtes-vous venue au roman ?
J’ai toujours rêvé d’écrire un roman, à vrai dire j’ai tenté pléthore de concours de nouvelles adolescentes, que j’ai réussi à remporter pour certains, et j’écrivais mes premières ébauches de roman durant mes cours de français. C’est finalement après mon premier livre qui est un témoignage journalistique que je me suis dit : toi qui aimes les portraits, fais-en un roman !
Avez-vous trouvé difficile de mener une histoire totalement fictive ? Disposiez-vous d’un plan pour écrire ce roman ?
C’était beaucoup plus dur que pour mon premier livre qui se basait sur des faits réels et des chroniques brèves, mais j’ai utilisé la même base que pour le premier : un squelette complet, chapitre par chapitre, combiné à un rythme hebdomadaire pour mener la rédaction. Ayant de grosses tendances psychorigides au niveau de l’organisation, j’en viens à chaque manuscrit à me culpabiliser si je ne respecte pas les échéances que je me fixe.
Quel regard personnel portez-vous sur la jeunesse ? Considérez-vous Mille yeux réaliste, exagéré ? Le roman n’est-il pas volontairement provocateur ?
Mille Yeux est provocateur, il se veut désabusé et ironique car j’essaie d’avoir du recul sur ma propre jeunesse, du haut de mes 26 ans. J’assume avoir privilégié le portrait satirique car c’est ce que j’aime faire au quotidien, même dans mes relations personnelles, ironiser mes liens et faire preuve tant que possible d’auto-dérision, parfois à mes dépends !
Mille yeux, pourquoi ce titre énigmatique ?
J’aime les jeux de mots, à l’instar du titre de mon premier livre, et je voulais jouer avec l’idée du regard, des yeux qui nous observent constamment et nous jugent parfois. Et comme mon roman dépeint les différents « milieux » de la jeunesse parisienne, le jeu de mots tombait à pic !
Qu’espérez-vous de la publication de ce premier roman, et avez-vous d’autres projets d’écriture ?
Ce roman m’a déjà offert beaucoup : la possibilité d’écrire des portraits pour le magazine Causeur qui a eu la gentillesse de faire l’éloge de mon travail. Par ailleurs, je viens de finir un troisième manuscrit qui naviguera cette fois-ci entre le roman et l’enquête journalistique, il est pour l’instant en phase de relecture …
Loin de sa banlieue, hanté par son désir de l’autre sexe, les femmes qu’il rencontre le fascinent. Dans le sillage d’Adélie, Max et Marion, il découvre le monde de la nuit, l’art, l’opulence, la misère affective, les addictions à l’alcool, à la drogue, les thématiques de genre, le militantisme étudiant… Il goûte à leurs mondes et à leurs obsessions, cherche à s’en faire adopter pour mieux les séduire, quitte à se renier. Ces immersions dans les différents milieux qui composent la jeunesse parisienne, les codes et les usages à respecter, l’amènent peu à peu, de compromissions en déceptions, à sombrer dans de profonds abîmes identitaires d’où naîtra un puissant désir de vengeance.
Journaliste (Le Point), auteur de chroniques et de nombreux articles sur des sujets relatifs à l’éducation et à l’adolescence, Nora Bussigny travaille à Paris.
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