Jeune auteur, Jean Keuma a déjà publié quelques nouvelles et un court roman adapté en série littéraire. Nous sommes heureux se publier son premier roman, Les émotions muettes, une histoire originale qui s’efforce de cerner ce que deviendrait notre monde si jamais nos émotions venaient à disparaître… Interview.
Je lutte pour ne pas avoir de morale dans mes histoires.
Rencontre avec Jean Keuma
Jean Keuma, qui êtes-vous ?
J’ai 31 ans, j’habite à Bordeaux et j’écris. Je ne sais pas si cela me définit…
Depuis quand écrivez-vous, et comment avez-vous commencé à écrire ?
J’ai écrit ma première nouvelle en 2013 ou 2014. C’était l’histoire d’un scientifique qui fabrique une machine à remonter le temps et au moment de la mettre en marche, une version de lui du futur débarque et les deux doivent cohabiter. J’ai eu l’idée après vu le film Looper dans lequel la logique du voyage temporel est totalement absurde.
Quels sont vos thèmes de prédilection ?
Je ne crois pas avoir des thèmes en tête dont je souhaite parler. Je pense que le processus est plus flou. Il y a des questions qui me travaillent et de manière plus ou moins consciente, aussi j’en parle dans ce que j’écris, notamment notre rapport au travail, au temps qui passe, la façon dont les normes nous enferment ou au contraire nous poussent à avancer…
Les émotions muettes est votre premier roman. L’intrigue est sacrément originale… Sans trop en dévoiler aux lecteurs, pouvez-vous nous expliquer comment vous l’avez imaginée ?
J’ai eu l’idée d’un monde sans émotion la première fois, si j’en crois les notes de mon portable, en janvier 2018. C’était juste une phrase « un monde sans émotions ». Je n’avais pas d’intrigue et encore moins de personnage. Pour essayer de construire quelque chose, j’ai commencé à lire des articles scientifiques sur les émotions. J’ai réalisé que c’est un sujet qui évolue beaucoup. Des recherches remettent en questions nos croyances, notamment la fameuse opposition entre émotion et rationalité. Je me suis dit que tout le monde ne vivrait pas le phénomène de la même manière si les émotions disparaissaient, et c’est à partir de là que l’idée de suivre différents personnages est arrivée…
Avec ce roman, souhaitiez-vous montrer quelque chose ou transmettre un message ?
Pas dans le sens d’une morale. Je lutte pour ne pas avoir de morale dans mes histoires, pour ne pas avoir des personnages qui ont raison et d’autres tort.
Trouvez-vous la vie absurde ?
Oui, évidemment. Je trouve même cette idée assez réconfortante.
Un passage dans le texte que vous aimez bien ?
Le premier chapitre d’Anna qui introduit le personnage. C’est l’un des premiers que j’ai écrit et il faisait parti des chapitres que je relisais pour me pousser à finir l’écriture du roman. En plus, j’ai placé un zeugma dans ce chapitre. C’est une figure de style que j’aime beaucoup même si je ne suis pas du tout un écrivain « technique ».
Vous êtes l’auteur d’une autre dystopie et avez fait le choix d’une édition en série, expliquez-nous…
La Société des Anges était également venue d’une idée vague, en l’occurrence « comment ferait une société qui vendrait à ses client la possibilité de pourrir la vie d’une autre personne en secret ». C’est une histoire beaucoup plus linéaire, avec moins de personnages. La division en épisodes s’est opérée naturellement. C’était une bonne étape avant l’écriture d’un roman.
De nouveaux projets ?
J’essaye d’adapter La Société des Anges en scénario. Je continue sinon de monter des fictions audios avec mon collectif « Les fictions de KDK ». Sinon, j’ai des notes sans queue ni tête sur mon portable, ça mènera peut-être à quelque chose !
Romain, jeune journaliste frustré, cherche un sujet de reportage novateur. Alain, quinquagénaire isolé, vit seul avec son chien. Julie, étudiante en sociologie, rêve de révolte et d’un monde nouveau. Anna, trentenaire active, n’aime pas sa vie malgré sa réussite professionnelle. Frédéric s’est battu sans relâche pour devenir riche et puissant. Le quotidien de ces cinq personnages bascule et s’entrechoque lorsque émerge un étrange phénomène de disparition des émotions. Le dégoût, la peur, la colère, la tristesse et la joie conditionnent-ils entièrement nos choix ? Une société peut-elle fonctionner sur la seule rationalité de ses membres ?
Laisser un commentaire