L' avenir

Catherine Leblanc

Résumé

Troublée par le départ brutal de sa sœur aînée, la jeune Charlène a du mal à trouver sa place et son identité. Le quotidien lui pèse car l’avenir lui semble fermé et sans espoirs. Petit à petit, elle s’ouvre au monde, découvre l’amour et commence à conquérir son autonomie.
Ce beau récit, avec beaucoup de douceur et de sensibilité, raconte cette délicate étape de séparation et de construction. Il fait surgir toute la fragilité, l’intensité et la beauté de ces années de passage.

Avis presse & lecteurs

« Avec l’écriture sensible et délicate qui la caractérise, Catherine Leblanc nous donne à ressentir à travers le personnage, ces forces de vie qui, quel que soit l’âge, poussent chacun vers l’avant. » Poésie première
« Un très beau roman sans vampires, sans jeunes qui vont mourir du cancer, sans jeunes filles abusées, un roman juste sur l’adolescence banale, mais pas si facile à vivre. » La mare aux mots
« Roman rempli de sensibilité et de raffinement. Un beau plaisir de lecture à s’offrir.» Je lis en numérique

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Extraits

Ma soeur est folle. Elle sort la nuit, à deux heures du matin. Dès que ma mère dort, elle s’esquive. Depuis longtemps, elle rejoint des garçons. Ma soeur est folle. Elle ne veut pas travailler, ni maintenant, ni plus tard. Il n’est pas question de retourner faire le ménage à la mairie. Encore moins de reprendre des études. Ma soeur est folle. Son dernier copain a perdu une main. Il essayait de fabriquer des explosifs. Agnès le trouve génial. Ma soeur est brune et moi aussi. Ma mère est châtain clair. Quand ma soeur demande où est notre père, ma mère ne sait pas. Personne ne sait. Sur les photos, il était brun, assez beau et brun. Je me demande comment il était, à part brun, mais moi, je ne pose pas la question à haute voix. Je la pose silencieusement, au chat qui dort. Je n’attends pas trop de réponses, je sais qu’on ne me dira rien, car mon père doit avoir le chromosome de la folie. Agnès veut le retrouver. Pas moi.

Son copain arrive. Ils s’embrassent comme des morts de faim. Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas prévu de passer cette journée tous les deux. Je les suis. On monte dans une petite chambre. Ils sont déjà quatre là-dedans. Ça sent un peu le fauve. Ils ont l’air de se connaître tous, moi je ne connais que Claire, et encore. Ce sont des étudiants, en histoire d’après ce que je comprends. Tout le monde discute en même temps. J’essaie de repérer leurs prénoms. Qu’est-ce que c’est que ce type là-bas ? Celui qui la ramène, celui qui est lourd. Il est assis, avachi, au milieu du canapé, c’est le plus moche du groupe. Un côté loup efflanqué, une voix trop forte. Il passe son temps à plaisanter et rit avant que les autres ne voient ce qu’il y a de drôle. Il a de grandes dents, les cheveux trop longs, frisés, qui tombent devant ses yeux. Il se fiche de sa coiffure comme du reste. Ce type m’énerve. J’ai envie de me lever et de lui coller une gifle. Les autres sont plutôt sympas, mais ils sont d’un autre milieu que le mien. Je n’ai pas l’habitude de ces manières, de ce ton, de cette facilité. Je ne fréquente pas les gens de leur espèce. Je les évite même soigneusement. Ils parlent vite, j’écoute, j’enregistre. Une fille se tourne vers moi : – Et toi, tu ne dis rien ? ça semble la gêner et ça me surprend.

Je me regarde dans le miroir, non ça ne se voit pas. J’ai toujours le même visage, l’acte semble me laisser intacte. Pourtant un espoir insensé s’est levé, que rien ne peut freiner. Nathan, c’est le vent qui souffle et qui bouleverse. L’attente et le sommeil d’avant sont pulvérisés. Avec lui, je rencontre ma vie folle, ma vie d’aventure, sans garantie, sans sécurité aucune. Je vais une seconde fois chez lui, puis une troisième. J’ai une vie secrète, un amant caché. Il tarde à m’appeler aujourd’hui. Avant il trouvait toujours un moment, entre deux cours, pour me faire signe. Il ne ressent plus l’urgence de me parler pour ensoleiller sa journée. Est-ce que c’est le premier pas vers la fin ? Il aime peut-être uniquement la conquête, faire craquer une fille jeune et naïve et se sentir plus fort. Moi, j’ai tout misé sur lui ! C’est trop, évidemment… Amant, ami, confident, conseiller, père, frère, prince charmant, il n’arrive pas à tenir tous les rôles. Il me déçoit. C’est moi qui ne l’aime plus.

Informations

Photo en couverture © Valentine Perrod
Coll. Regards, 2014 • Format 14.5×21 cm • 120 pages
Version imprimée 979-10-93552-01-9 • 15 euros
Version numérique 979-10-93552-05-7 • 4.99 euros