Une lumière dans la nuit

Christelle Angano

Résumé

Le 5 juin 1944, des parachutistes anglais censés être largués au-dessus de Merville-Franceville se retrouvent à 35 km de là, près de Barneville-la-Bertran, au sud d’Honfleur. Une poignée de civils leur porte secours. Le 18 juin 1944, tous sont arrêtés et déportés. Clara, mon arrière-grand-mère, était l’une de ces personnes. J’ai voulu retracer son parcours pour lui rendre hommage, et pour rappeler à nos souvenirs tous ces anonymes bas-normands qui ont oeuvré, au péril de leur vie, pour que nos enfants puissent connaître la liberté. Il me fallait écrire et raconter leur histoire. Parce que la mémoire est essentielle pour préserver la paix et pour que, plus jamais, ne s’éteigne la lumière.

Avis presse & lecteurs

Avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, Christelle Angano nous dévoile un pan de son histoire familiale, qui est un peu notre histoire à tous. Avis Babelio

Émouvante histoire qui ne nous laisse pas indemne. Avis Babelio

Extraits

À vrai dire, la demande de ma grand-mère me surprend. Comme beaucoup de personnes de sa génération, elle n’aime pas parler de la guerre et elle a toujours repoussé mes questions d’une main excédée quand je tentais d’aborder cette période. « Pourquoi parler de tout cela ? » me répondait-elle à chaque fois. Je pense qu’elle n’avait pas envie de réveiller des souvenirs désagréables et douloureux. Je la comprenais, et je n’insistais pas. « Écris l’histoire de Clara. Elle le mérite. » Suzanne ne voulait pas me parler de sa guerre, mais me demandait de raconter celle de sa belle-mère, tant admirée.

Pour mieux connaître Clara et surtout pour mieux « ressentir », je décide de me rendre à Barneville-la-Bertran, là où tout est arrivé. Mon aïeule me semble un peu plus familière et, pour la première fois, je me demande si je n’irais pas, un jour peut-être, à Walsall, au Royaume-Uni, où elle est née, le 2 mai 1887. Peut-être même y rencontrerais-je des personnes de ma famille. Oui chère Clara, je suis allée découvrir ces paysages qui t’étaient familiers, revoir ta jolie maison, « la maison du régisseur », comme on l’appelait ; où tu as été heureuse, avec ton mari, et tes deux fils ; et où tout s’est arrêté, un jour de juin 1944. Les volets étaient fermés quand je suis passée. Mais le ruisseau coule toujours derrière la maison… et ton souvenir est encore terriblement présent.

Les femmes étaient ensuite embarquées dans des wagons de voyageurs de troisième classe, aux fenêtres grillagées. Des « voitures-cellulaires », raccordées aux trains réguliers de la ligne Paris-Berlin. As-tu toi aussi, comme certaines de tes compagnes de tourmente, tenté de jeter par les tinettes, un dernier mot destiné à Robert et Suzanne, afin de les rassurer ? Beaucoup de ces mots, ramassés sur les voies par des mains anonymes et amies, arrivaient à destination. Des mères, des épouses, des filles, des fiancées, qui tentaient de donner un indice, ou de rassurer leurs proches, de leur dire au revoir, peut-être.

Informations

Photo en couverture © Arnaud Jusiewicz
Coll. Traces, 2020 • Format 12×19 cm • 78 pages
Version imprimée 979-10-93552-97-2 • 12 euros
Version numérique non disponible

À propos de l'auteur

Christelle Angano

Après une enfance et une adolescence itinérantes, Christelle Angano a posé ses valises sur la côte normande. Elle a choisi l’écriture pour continuer de voyager,

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